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Le dernier kilomètre de la démocratisation des données économiques

Le dernier kilomètre de la démocratisation des données économiques

Par: Patrick Gill, directeur principal, Opérations et partenariats, Laboratoire de données sur les entreprises (@PatrickNGill) Les données ont le pouvoir...

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Business Data Lab

Par: Patrick Gill, directeur principal, Opérations et partenariats, Laboratoire de données sur les entreprises (@PatrickNGill)

Les données ont le pouvoir d’informer, de niveler le terrain et de donner du pouvoir. Elles sont devenues l’une des ressources les plus précieuses du monde moderne. Si tout le monde produit des données et qu’elles nous entourent, tout le monde ne les utilise pas pour obtenir un meilleur portrait de la situation.

L’accès aux données économiques et leur interprétation demeurent un défi de taille pour les petites entreprises et les associations sans but lucratif au Canada. Pour ces organisations, les principaux défis consistent à savoir quelles données sont disponibles, à y accéder, puis à les utiliser pour créer des connaissances exploitables afin de prendre de meilleures décisions. Concrètement, les petites organisations sont confrontées au défi analogue et continu de l’industrie du transport et de la logistique, connu sous le nom de dernier kilomètre. Ce défi fait référence à la toute dernière partie du chemin parcouru par une personne ou un colis jusqu’à sa destination ultime. Par exemple, tout comme la fin du voyage des usagers des transports en commun n’est pas un arrêt de train, de métro ou de bus, mais leur lieu de travail ou leur domicile. De même, pour de nombreuses petites entreprises, la destination ultime des données économiques n’est pas un entrepôt de données ou un article scientifique, mais une décision commerciale concrète ou un plan d’affaires plus stratégique. Pour profiter des ressources mondiales en matière de données en constante expansion (comme le font déjà de nombreuses grandes entreprises), les petites entreprises doivent parcourir le dernier kilomètre qui les sépare de leurs besoins et beaucoup ont besoin d’aide pour le faire.

C’est pourquoi un nouveau partenariat prometteur entre la Chambre de commerce du Canada et Statistique Canada permet d’aider les petites organisations à parcourir le dernier kilomètre de leurs besoins en données économiques. La Chambre de commerce du Canada a récemment lancé son Laboratoire de données sur les entreprises afin de collaborer avec Statistique Canada à l’acquisition, à la consolidation et à la mise en forme de données sur la conjoncture économique au Canada et de produire des aperçus en temps réel, axés sur l’avenir, des conditions et des tendances émergentes. Le Laboratoire de données sur les entreprises partagera ces aperçus avec le réseau de la Chambre de commerce du Canada, composé de 450 organisations à but non lucratif représentant plus de 200 000 entreprises canadiennes, afin d’éclairer la prise de décision.

Bien que la collaboration soit une approche courante dans le travail de la Chambre de commerce du Canada, Statistique Canada favorise maintenant activement les partenariats novateurs avec des groupes comme le Laboratoire de données sur les entreprises dans le cadre de l’orientation stratégique de l’organisme visant à répondre à la demande croissante en matière de données, de services de données et de prévisions.

Dès sa création, la Chambre de commerce du Canada a cru que le Laboratoire de données sur les entreprises pourrait démocratiser davantage les données pour les petites organisations. La démocratisation des données est le processus qui consiste à aider les autres, quelle que soit leur capacité à travailler confortablement avec des données (littératie des données), à accéder plus facilement aux données et à les utiliser aisément pour prendre des décisions éclairées. La perspective d’une démocratisation plus poussée des données a été renforcée pour la Chambre de commerce du Canada par les consultations de découverte du Laboratoire de données sur les entreprises menées auprès de plus de 80 groupes d’intervenants en février et mars 2022. Ces conversations interactives avec les parties prenantes ont réaffirmé que le dernier kilomètre des données est un défi pour les petites organisations qui se divisent en trois catégories :

  1. Pour les données publiques, le premier défi consiste à naviguer dans une foule de sources d’information pour comprendre quelles données sont disponibles et pertinentes pour des utilisations particulières. Lors des discussions de la Chambre de commerce du Canada avec les parties prenantes, dont la plupart sont de petites organisations, on a déploré l’absence de données fiables sur la couverture Internet dans le nord du Canada. Cependant, alors même que ce point était discuté, un représentant de Statistique Canada a partagé un lien vers les résultats publics de la dernière enquête sur l’utilisation d’Internet dans le Nord canadien menée par l’organisme. Bien qu’il existe incontestablement des lacunes dans les données, une multitude de données de haute qualité sont déjà accessibles au public, mais les utilisateurs ne savent souvent pas où elles se trouvent. Le Laboratoire de données sur les entreprises espère relever ce défi pour les petites organisations en faisant appel au public pour connaître leurs besoins en matière de données et leurs priorités de recherche, puis en consacrant du temps à la recherche, à la collecte et à l’exploration des données disponibles en leur nom.

  2. Pour les données qui sont conservées et détenues de manière privée, le principal défi est probablement le coût d’accès aux nombreuses sources émergentes. Les conversations avec les parties prenantes de la Chambre de commerce du Canada ont révélé que les données économiques les plus recherchées par son réseau national étaient des indicateurs ultra-localisés de la situation des entreprises. Bien que de nombreuses informations sur les entreprises locales puissent être produites à partir de sources publiques, comme l’enquête sur la population active et le recensement de Statistique Canada, d’autres ne sont disponibles qu’à partir de sources de données alternatives détenues par le secteur privé, comme les informations sur la mobilité et les paiements en temps réel. Par exemple, avec des données de paiement anonymisées, il est maintenant possible de générer un instantané avancé des dépenses au niveau local et avec des algorithmes d’extraction d’Internet, il est possible de suivre en temps réel les ouvertures et les fermetures d’entreprises. Les données mobiles anonymisées pourraient compléter ces informations pour aider à explorer les modèles de main-d’œuvre, de transport et de tourisme. Cependant, l’obtention, l’organisation et la conservation des données mobiles et des informations sur les paiements sont coûteuses et dépassent les ressources financières de la petite entreprise ou de l’organisation à but non lucratif typique. Le Laboratoire de données sur les entreprises contribuera à relever ce défi en tirant parti de ses ressources et de ses relations avec les fournisseurs de données pour acquérir d’autres ensembles de données.

  3. Explorer et produire des connaissances à partir de données peut mettre à l’épreuve la zone de confort ou les capacités d’une petite entreprise. L’utilisation de données sur la mobilité et les paiements pour générer des informations sur les entreprises locales nécessite souvent des compétences et des logiciels spécialisés dont la plupart des petites organisations ne disposent pas. Le Laboratoire de données sur les entreprises aidera à relever ce défi du dernier kilomètre en agissant comme un centre de services pour générer des connaissances sur les affaires pour le réseau national de la Chambre de commerce du Canada.

Comme chaque organisation a ses propres besoins et particularités, ces défis du dernier kilomètre seront difficiles à surmonter, mais trois aspects du Laboratoire de données sur les entreprises pourraient contribuer à démocratiser davantage les données économiques.

  1. Le Laboratoire de données sur les entreprises pourrait aider en consolidant et en acquérant les données économiques les plus pertinentes pour les petites entreprises et les organisations commerciales. Deux éléments rendent cet objectif réalisable. Tout d’abord, des contacts répétés avec le réseau national de 550 associations d’entreprises de la Chambre de commerce du Canada pourraient permettre de recueillir et d’identifier les défis et les priorités du monde des affaires en matière de données économiques. Deuxièmement, grâce au soutien du gouvernement du Canada, de nouveaux ensembles de données exploratoires, comme les données sur la mobilité et les paiements, généralement hors de portée des petites entreprises, pourraient être obtenus afin de générer des informations d’une pertinence particulière.

  2. Le Laboratoire de données sur les entreprises pourrait être utile en produisant des informations économiques pertinentes pour la prise de décision. Depuis le début de la pandémie de COVID-19, la Chambre de commerce du Canada produit des analyses prospectives sur la conjoncture économique afin d’appuyer la prise de décision en période de changement rapide. La Chambre de commerce du Canada continuera à produire ce type d’analyse par le biais de son Laboratoire de données sur les entreprises, en les partageant librement et publiquement au sein de son réseau national, à l’instar du modèle en étoile utilisé par les grandes organisations ou les coopératives. L’analyse du Laboratoire de données sur les entreprises prendra trois formes : des tableaux de bord de données à haute fréquence, des résultats d’enquêtes trimestrielles auprès des entreprises et des projets de recherche ciblés sous forme de rapports et de mémoires. Déjà, 40 % du réseau national de la Chambre de commerce du Canada utilise ses analyses pour prendre des décisions. L’objectif est d’accroître cette utilisation au cours des deux prochaines années en améliorant la communication et la collaboration et en augmentant la fréquence et la granularité des analyses produites.  

  3. La création du Business Data Trust favorisera l’exploration intersectorielle des futurs défis et possibilités économiques du Canada. Reconnaissant que la plupart des Canadiens accordent une grande importance à la façon dont les organisations protègent et utilisent les données, la Chambre de commerce du Canada et Statistique Canada se sont fait les champions de la création d’un Business Data Trust pour le Laboratoire de données sur les entreprises. Ce modèle est une méthode innovante de gouvernance des données qui convient parfaitement pour renforcer la confiance du public dans les données et distribuer les précieuses connaissances qu’elles contiennent. Dans la pratique, les fiducies de données sont des chambres fortes ou des dépôts numériques gérés par des parties indépendantes dans un but précis. Les gouvernements du Canada et du Québec ont étudié conjointement l’application des fiducies de données en vue d’une utilisation potentielle avec des données sur les villes et dans le secteur de la santé.

    Toutes les données consolidées et acquises pour les travaux du Laboratoire de données sur les entreprises seront hébergées dans le Business Data Trust, qui sera géré sans lien de dépendance par Statistique Canada. Non seulement Statistique Canada aura accès aux données et aux connaissances contenues dans le Business Data Trust, mais le Laboratoire de données sur les entreprises pourra également inviter d’autres groupes, y compris des groupes de réflexion, des organismes sans but lucratif et des établissements d’enseignement, à collaborer avec le Laboratoire de données sur les entreprises à des projets de recherche particuliers. De cette façon, le Business Data Trust agira comme un centre de données de recherche virtuel.

Au cours des deux prochaines années, le gouvernement du Canada et Statistique Canada surveilleront et évalueront ce projet et ses résultats. À cet égard, le Laboratoire de données sur les entreprises élaborera des scénarios d’utilisation des données des petites organisations et des décisions commerciales fondées sur les données.

Ce partenariat est très intéressant pour Statistique Canada et ouvre la voie à d’autres avancées pour cet organisme, note Nathalie Brault, directrice principale du Centre des projets spéciaux pour les entreprises de Statistique Canada, ajoutant que ce projet démontrera l’efficacité potentielle des données existantes pour produire des informations exploitables. Les entreprises canadiennes ont été amenées à évoluer rapidement au cours des deux dernières années. Ce niveau de perturbation a mis en évidence l’importance des données granulaires à haute fréquence sur les conditions et les tendances commerciales. Alors que les économies mondiale et canadienne continuent de se relever de la pandémie, il sera essentiel pour la réussite des entreprises canadiennes de garder une longueur d’avance sur les changements du marché. Consciente de cette leçon, la Chambre de commerce du Canada, par l’entremise du Laboratoire de données sur les entreprises, est fière d’établir l’infrastructure de données pour aider les petites organisations au Canada à parcourir le dernier kilomètre des données économiques dont elles ont besoin pour aider à bâtir un avenir plus prospère pour tous les Canadiens.

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